vendredi 6 janvier 2017

L’AGENDA BUISSONNIER de Pierre Becker



  8 janvier 2017 : EPIPHANIE, 15 janvier JOURNEE DU MIGRANT ET DU REFUGIE

Depuis quelques décennies, le jour de l’Epiphanie est devenu dans de nombreuses paroisses le dimanche des migrants. Ce jour-là des cantiques en langue étrangère agrémentent la liturgie du jour et des costumes folkloriques d’autres horizons, plus colorés les uns que les autres, mettent quelques touches de fraîcheur au milieu de la grisaille hivernale, tout comme les rois mages qui ont pris place dans la crèche, drapés dans leurs habits dorés. Venus de l’Orient mystérieux, ils sont eux aussi les migrants de la fête.

Les migrants d’aujourd’hui sont bien différents, ils ne viennent pas les mains chargées de cadeaux et décidés à repartir après quelques jours de tourisme. Ils sont des migrants politiques, demandeurs d’asile ou des migrants économiques cherchant sur notre vieux continent une vie plus humaine.

Les sages de chez nous les saluent poliment et leur expliquent pudiquement qu’ils ne peuvent pas accueillir toute la misère du monde, mais les migrants continuent à frapper à la porte comme l’ami importun*  de la parabole de Jésus.

Quelques vétérans de chez nous se souviennent qu’ils ont été eux aussi  évacués, réfugiés ou même déportés, heureux eux aussi d’avoir été accueillis ou même parfois simplement soutenus par un morceau de pain tendu par-delà une barrière de barbelés.

Tous, en tous cas beaucoup des migrants gardent l’espoir de pouvoir dire un jour, comme dans la parabole du jugement dernier : « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli. »**

Et le lecteur assidu de la Bible se dit :«Le peuple de Dieu n’a-t-il pas toujours été un peuple de migrants?»***                                              

Pierre BECKER                   

*Luc XI,5-8 ;   **Matthieu XXV,38 ;  *** comme Abraham ou les fils de Jacob en Egypte.

Témoignages de migrants
Depuis notre arrivée, notre situation a beaucoup changé…

« En quittant l’Albanie (où nous étions en danger, sans protection de l’État), nous avons tout perdu : nous avions une maison avec un jardin, et tous les deux un bon travail, nous avions des amis, de la famille…Quand nous sommes arrivés en France avec nos deux enfants, nous n’avions plus rien : les dix premiers jours, nous avons dormi dans la rue, sans toilettes, sans nourriture, avec une valise comme lit pour la petite. Puis, nous avons passé un mois et demi sous la tente. C’était très très dur, surtout pour les enfants ! Mais à Vannes, puis à Brest où nous sommes arrivés très vite, nous avons été beaucoup soutenus et aidés : La Halte et les autres associations, les services sociaux, l’école, les hôpitaux… On ne peut pas décrire tout ce qu’on a fait pour nous. Depuis notre arrivée, notre situation a beaucoup changé, même si ça reste très difficile : nous avons obtenu un permis de séjour et de travail, nous avons appris le français, assez pour nous débrouiller ; nous travaillons tous les deux dans les serres, nous habitons un appartement, notre aînée va au lycée et s’intègre très bien. »